La hiérarchie militaire

Une légion est structurée à l'image de la société romaine, c'est-à-dire fortement hiérarchisée, avec toutes ses classes sociales, depuis les esclaves jusqu'aux sénateurs. Les classes nobles (sénateurs et chevaliers) fournissent exclusivement les officiers.
Les officiers supérieurs
Délégué par l'empereur, le légat (legatus legionis) commande la légion. Disposant de pouvoirs militaires, financiers et judiciaires pour une durée de 2 ou 3 ans, il veille à la bonne marche de l'unité, ainsi que sur les auxiliaires qui y sont attachés. Il est secondé par un préfet du camp (praefectus castrorum) : officier du génie dont la charge est de construire et d'entretenir le camp, grâce aux nombreux fonctionnaires, ouvriers et artisans placés sous ses ordres. En période de guerre, celui-ci commande l'artillerie et dirige les sièges.
Viennent ensuite les tribuns. Le tribun " laticlave " est issu de l'ordre sénatorial (sa tunique est barrée par deux larges bandes de pourpre, insignes de son rang) et dispose d'une état-major particulier. Il a environ 20 ans et peu d'expérience, mais c'est lui qui remplace le légat en son absence ; poste qu'il occupera véritablement dans quelques années. Il reste en fonction pendant un an. Les 5 tribuns " angusticlaves " (leurs tuniques portent deux fines bandes pourpres) viennent quant à eux de l'ordre équestre. Chacun d'eux commande deux cohortes de la légion, soit 1000 hommes environ. Ils veillent à la sécurité des portes du camp, à l'approvisionnement des greniers, à l'entretien de l'hôpital, à l'exercice, et rendent la justice. Parmi ceux-ci sont choisis un ou plusieurs tribuns " sexmenstris " (en charge pour six mois) pour commander sans doute la cavalerie légionnaire (120 hommes)

Les officiers subalternes
Hommes de terrain souvent très expérimentés, les centurions forment l'ossature de la légion. Ils sont en majorité issus de la troupe, nommés par les officiers supérieurs, mais un certain nombre de postes sont attribués à des hommes venant d'un milieu plus élevé : notables municipaux ou chevaliers romains. Il y a 59 centurions par légion. Le centurion de la première centurie de chaque cohorte porte le titre de " pilus prior ". En plus de sa propre centurie, il dirige la cohorte entière. Le " pilus prior " de la 1ère cohorte (la plus prestigieuse) est le premier centurion de la légion, appelé " primipile " (primus pilus). Son avis est très écouté lors des réunions d'état-major. Tout soldat espère accéder un jour au grade de centurion.

Les " principales "
Beaucoup de gradés sont spécialisés dans des fonctions d'état-major (cornicularius, librarius, etc.), tandis que d'autres exécutent des tâches de terrain (instructeurs, arpenteurs, etc.). Dans une légion, le plus élevé des sous-officiers est l'adjoint du centurion, ou " optio ". Il est choisi par le centurion pour le seconder et le remplacer au combat si d'aventure il venait à succomber. Le bénéficiaire est celui qui obtient un office par la faveur d'un tribun ou d'un préfet. Il sert parfois de majordome, ou peut encore surveiller une prison, un relais de poste d'État, un péage, etc. Chargés de transmettre les ordres, de manière visuelle ou sonore, les porte-enseignes et musiciens sont aussi des " principales ", et à ce titre perçoivent une meilleure solde.
Les soldats
Beaucoup de soldats ont une spécialité : magasinier, instructeur, artisan…, ce qui leur vaut une exemption de corvée. Ils sont alors appelés " immunes ". Cet avantage se matérialise aussi par une différence de solde conséquente, variant du simple au triple. Le " tesserarius " est un " immunis ". Adjoint de l'optio (il y en a un par centurie), il est chargé de transmettre le mot de passe aux chambrées. Ce nom vient de la tablette où est inscrit le mot de passe (tessera). Le " miles gregarius " est le légionnaire de base, ou de première classe dirait-on de nos jours. Le bas de l'échelle militaire est enfin occupé par le " bleu " (tiro), fraîchement enrôlé, et qui ne sera " miles " qu'à la fin de ses quatre mois de classes.
Le légat

L'allure de notre légat est très inspirée par la mode hellénistique, alors très en vogue auprès des officiers supérieurs. Il porte un casque de type " attique " aux motifs estampés, ainsi qu'une cuirasse dite " musclée ". Cette dernière est ceinte d'une bande d'étoffe nouée sur le devant (insigne de son rang). Sous sa cuirasse pendent des " ptéruges " de cuir frangés et décorés. Son équipement se complète d'une paire de jambières ouvragées et de sandales fermées, appelées " calcei ". Son manteau écarlate (paludamentum) est réservé aux officiers de son rang.

Reconstitution PAX AUGUSTA
Le tribun

Le tribun " angusticlave " est reconnaissable à sa tunique blanche barrée de deux fines bandes pourpres. Par-dessus une subarmalis (tunique matelassée prolongée par des lambrequins de cuir), il porte une cuirasse musclée ornée de motifs végétaux estampés. Son casque est d'un modèle dit " attique ", surmonté d'un cimier en plumes ou en crins.

Reconstitution PAX AUGUSTA
Le centurion


Tous les centurions portent un cep de vigne, insigne de leur rang, qui leur sert à l'occasion pour frapper les mauvais soldats. Son équipement est souvent constitué de manière à le distinguer du reste de la troupe. Il porte son glaive à gauche, contrairement aux soldats, et une paire de jambières. Son casque est coiffé d'une crête transversale "argentée", marque de son grade. Par-dessus une cotte de mailles, notre homme arbore fièrement ses décorations (phalères) accrochées sur un harnais de cuir.

Reconstitution PAX AUGUSTA
Le porte-enseigne

Comme nos modernes porte-drapeaux régimentaires, chaque légion à ses porte-enseignes. L'aquilifer est celui qui porte l'aigle (aquila), l'enseigne principale de la légion. Le vexilliaire tient le vexillium, sorte de drapeau flottant donné à une troupe détachée, sur lequel est inscrit le nom de l'unité. Chaque cohorte, manipule ou centurie a son porte-enseigne (signifer), coiffé d'une peau d'ours ou de loup. Sur cette enseigne manipulaire, on reconnaît l'éléphant, symbole de la Ve légion.

Reconstitution PAX AUGUSTA

L'optio

L'optio est un soldat. Aussi, son équipement ne le distingue presque en rien des autres légionnaires. Son casque est un modèle en laiton, reconstitué d'après une trouvaille du Lichtenstein, surmonté d'un panache particulier. Sur certaines stèles funéraires, on remarque qu'il tient un grand bâton terminé par une boule. Il s'agit peut-être d'une " règle " lui permettant de marquer les intervalles entre les soldats et rectifier les alignements. Il porte également en sautoir une petite sacoche contenant le nécessaire pour consigner des notes : tablettes de cire et stylet.

Reconstitution PAX AUGUSTA
Le simple soldat

Les soldats sont tous équipés d'un même armement, mais qui peut varier dans les formes et les matériaux employés. À l'époque d'Auguste, bien qu'apparaisse la fameuse cuirasse à lames métalliques (segmentata), la cotte de mailles est la protection la plus utilisée, doublée de cuir ou de mailles aux épaules. Le casque est généralement en laiton, surmonté d'un panache. Les légionnaires portent le glaive à droite et le poignard à gauche, suspendus à un double ceinturon (cingulum), garni d'un tablier clouté. Ils tiennent en main le bouclier (scutum), dont la forme est restituée d'après des vestiges de housses en cuir découverts en Allemagne.
Reconstitution PAX AUGUSTA
Par Francois Gilbert